Des psychologues alertent : le financement de dispositifs plus efficaces que Mon soutien psy est en danger

Alors que le dispositif « Mon soutien psy » mis en place pour faciliter l’accès aux consultations psychologiques connaît un déploiement national, une voix discordante s’élève des rangs des psychologues. Ces professionnels alertent sur le risque considérable que ce financement prioritaire fait peser sur d’autres dispositifs de santé mentale jugés plus efficients et adaptés aux besoins réels des patients. La Convergence des psychologues en lutte, qui regroupe près d’un quart de la profession, signale que ce choix budgétaire entraîne la suppression progressive de programmes locaux spécialisés, provoquant des ruptures de soins dramatiques. Dans un contexte où la demande en accompagnement psychologique ne faiblit pas, et alors que la santé mentale demeure une priorité publique, cette controverse soulève des questions fondamentales sur l’efficacité des politiques de soutien psychologique et sur la pérennité d’initiatives reconnues pour leur expertise de terrain.

L’inadéquation du dispositif « Mon soutien psy » face aux besoins réels de la population

Le dispositif « Mon soutien psy », lancé officiellement en 2022, a pour ambition de démocratiser l’accès à un soutien psychologique en proposant jusqu’à 12 séances remboursées avec un psychologue libéral conventionné. Concrètement, le patient peut bénéficier de séances à 50 euros, dont 30 euros pris en charge par l’Assurance-maladie, le reste étant couvert par la complémentaire santé. Ce mécanisme vise principalement les patients souffrant d’anxiété ou de troubles dépressifs légers.

Cependant, selon la Convergence des psychologues en lutte, ce dispositif montre des limites structurelles majeures. Tout d’abord, ses critères ciblent une catégorie restreinte de patients et excluent ceux qui présentent des troubles plus complexes ou des comorbidités nécessitant un accompagnement approfondi. Par ailleurs, les statistiques révèlent que seuls 4,8 des 12 consultations proposées sont effectivement utilisées en moyenne, et que plus de 75 % des patients quittent le dispositif avant même d’atteindre leur huitième séance. Cette précocité d’abandon interroge sur la pertinence des formats proposés.

Un autre point important souligné concerne la population réellement aidée. Seuls environ 10 % des bénéficiaires sont en situation de précarité, ce qui s’éloigne des objectifs initiaux d’aide aux publics les plus vulnérables. Ces chiffres, basés sur des données issues de l’Assurance-maladie, suggèrent que ce dispositif rate sa cible sociale et opérationnelle.

Cette inadéquation soulève plusieurs problématiques :

  • Un assimilé manque de suivi personnalisé qui peut limiter la qualité de l’accompagnement psychologique ;
  • Une répartition géographique inégale, avec des zones où l’accès à des psychologues conventionnés reste très faible ;
  • Un manque de coordination pluridisciplinaire avec d’autres acteurs de la santé mentale, qui affaiblit la prise en charge globale du patient ;
  • Une absence d’adaptation aux besoins spécifiques, notamment dans les domaines complexes comme la périnatalité, le handicap ou la cancérologie.

Ces limites invitent à s’interroger sur la complétude du dispositif et sur son rôle dans le paysage global des aides psychologiques proposées aujourd’hui en France.

Indicateurs clés « Mon soutien psy »
Nombre moyen de séances consommées 4,8 sur 12
Taux d’abandon avant la 8e séance 75 %
Proportion de bénéficiaires en précarité 10 %
Nombre de psychologues conventionnés en 2024 4 000 (baisse par rapport à 2023)

Les menaces sur les dispositifs locaux et spécialisés face au financement de Mon soutien psy

La critique la plus virulente adressée à « Mon soutien psy » par les psychologues réunis au sein de la Convergence porte sur un effet secondaire lourd pour le système de santé mentale français : le désengagement progressif des autorités sanitaires par rapport à d’autres dispositifs médicaux locaux considérés comme plus efficients et mieux adaptés.

Cette réalité s’illustre au travers d’exemples concrets où des programmes reconnus, animés par des psychologues compétents et formés, collaborant en équipe pluridisciplinaire, sont subitement privés de financements. Cette coupure budgétaire entraine alors la fermeture de services indispensables à une prise en charge spécialisée et souvent de longue durée. La Commission parle ainsi de « ruptures de soin dramatiques ».

Parmi les dispositifs menacés figure notamment le réseau « Naître et bien-être » à Saint-Étienne, actif depuis une vingtaine d’années et qui accompagne annuellement environ 700 bébés et leurs familles en soutien périnatal. Ce programme illustre parfaitement le type de dispositif que le financement centralisé de « Mon soutien psy » tend à suppléer sans prise en compte des spécificités et des bénéfices attestés.

Face à ces enjeux, il est important de comprendre les conséquences sur :

  • La pérennité de services spécialisés adaptés aux besoins précis des populations (cancérologie, handicap, parentalité) ;
  • La vocation d’équipes multidisciplinaires qui intègrent psychologues et autres professionnels de santé pour une approche holistique ;
  • La capacité à répondre rapidement à des besoins psychologiques variés dans des contextes locaux différenciés ;
  • L’impact social et thérapeutique des ruptures de soin, entraînant parfois un effet domino sur la continuité et l’efficacité des traitements.
Dispositif Description Date de retrait du financement
Naître et bien-être (Saint-Étienne) Soutien périnatal pour familles et bébés fin 2024
Dispositifs locaux en cancérologie Accompagnement psychologique spécialisé pour patients atteints de cancer 2023-2024
Programmes handicap Equipes pluridisciplinaires pour besoins spécifiques en santé mentale depuis 2023

Ces fermetures marquent une réorientation des politiques publiques qui, sans une analyse approfondie, pourrait fragiliser durablement l’offre globale de soutien psychologique dans le pays.

Vidéo explicative sur le rôle des dispositifs spécialisés dans la santé mentale

Les conséquences du financement prioritaire de Mon soutien psy sur la surcharge du secteur public

La priorisation de « Mon soutien psy » dans la répartition des ressources financières a également un impact direct sur le secteur public, qui demeure l’épine dorsale de la prise en charge en santé mentale à long terme. La fédération Convergence met en avant que le budget de 170 millions d’euros alloué en 2024 au dispositif pourrait permettre la création de milliers de postes dans le secteur public, actuellement submergé par la demande croissante.

Les professionnels déplorent une situation paradoxale : alors que la population a besoin d’un accompagnement psychologique renforcé et pérenne, le focus sur un dispositif limité en nombre de séances et en portée médicale contribue à la désertification progressive des certains services publics de santé mentale.

Cette tendance illustre :

  • Une diminution des ressources humaines dans les hôpitaux et centres médicaux spécialisés, aggravant les délais d’attente ;
  • Une augmentation des cas non suivis ou mal accompagnés, qui pourraient devenir des pathologies chroniques ;
  • Un transfert tacite des responsabilités vers des services libéraux moins coordonnés avec le reste du système sanitaire ;
  • Une précarisation indirecte de certains patients exclus du dispositif ou n’y trouvant pas une réponse adaptée.

La question du financement global des programmes de soutien psychologique et de leur répartition entre public et privé reste un point crucial à réexaminer à la lumière des expériences 2022-2025.

L’importance d’une approche diversifiée et multidisciplinaire en psychologie clinique

L’un des points de convergence exprimés par la Convergence des psychologues en lutte est la nécessité de préserver une diversité de dispositifs en santé mentale, qui incluent aussi bien les dispositifs locaux spécialisés que les programmes nationaux comme « Mon soutien psy ». Les chercheurs et cliniciens insistent sur l’importance d’une approche multidisciplinaire et adaptative qui prend en compte la complexité des troubles psychologiques.

Cette approche s’appuie sur des équipes composées de psychologues, psychiatres, travailleurs sociaux, infirmiers et autres professionnels, collaborant étroitement pour assurer un accompagnement psychologique complet. Elle est particulièrement essentielle pour :

  • Les patients présentant des troubles chroniques ou sévères nécessitant un suivi prolongé ;
  • Les publics en situation de précarité, vulnérables ou marginalisés ;
  • Les situations spécifiques telles que le handicap, la périnatalité ou les maladies chroniques associées (ex. cancérologie) ;
  • La prévention et le traitement des crises psychologiques, où la réactivité et la coordination sont essentielles.

Au contraire, une centralisation excessive du financement sur un unique dispositif peut réduire l’adaptabilité du système global et fragiliser la qualité de l’offre d’aide psychologique. C’est cette vision que défendent de nombreux psychologues en alerte, craignant un affaiblissement des dispositifs aux profils variés.

Tableau comparatif des caractéristiques des dispositifs en santé mentale

Critères Dispositifs locaux spécialisés Mon soutien psy
Durée moyenne du suivi Long terme, plusieurs mois à années 12 séances maximum
Adaptabilité aux besoins Elevée, ajustée au profil patient Limitée, critères stricts
Population ciblée Large, incluant précarité et troubles complexes Troubles légers uniquement
Accompagnement multidisciplinaire Oui, pluridisciplinaire Non, psychologues libéraux seuls

Les pistes de réforme possible pour un financement équilibré et plus efficace

Face à la contestation croissante, plusieurs propositions émergent pour repenser le financement des dispositifs d’accompagnement psychologique et améliorer la prise en charge globale en santé mentale.

Ces réformes pourraient comprendre :

  • Le rééquilibrage des fonds entre dispositifs nationaux et dispositifs locaux spécialisés, pour préserver la diversité et la complémentarité des offres ;
  • Une meilleure intégration des services libéraux et publics via des protocoles communs et des évaluations régulières des résultats cliniques ;
  • Le développement de formations continues pour les psychologues, afin d’adapter les compétences aux besoins actuels et aux populations fragiles ;
  • La mise en place d’un suivi longitudinal des patients pour mesurer l’efficience réelle des dispositifs et permettre des ajustements adaptés ;
  • Un soutien accru aux structures pluridisciplinaires locales qui ont démontré leur efficacité, notamment en périnatalité, handicap, et cancérologie.

Ces pistes traduisent une volonté de s’appuyer sur les expériences passées et présentes pour construire un système inclusif, performant et résilient, capable de répondre efficacement aux défis croissants de la santé mentale en France.

Vidéo témoignage d’un psychologue engagé dans les dispositifs locaux

Questions fréquentes sur le dispositif Mon soutien psy et ses alternatives

  • Qui peut bénéficier de Mon soutien psy ?
    Les patients souffrant d’anxiété ou de troubles dépressifs légers, accompagnés par des psychologues conventionnés libéraux.
  • Pourquoi certains psychologues s’opposent-ils à ce dispositif ?
    Parce qu’il concentre le financement au détriment d’autres dispositifs plus spécialisés et efficaces, provoquant des ruptures dans la prise en charge globale.
  • Quels sont les dispositifs locaux menacés par ce financement ?
    Les réseaux d’aide à la parentalité, les programmes en cancérologie, et les équipes pluridisciplinaires dédiées au handicap, entre autres.
  • Peut-on espérer une réforme du financement ?
    Oui, des propositions pour un meilleur équilibre budgétaire et une meilleure coordination existent et sont discutées par les professionnels et les autorités sanitaires.
  • Comment le patient peut-il accéder à un accompagnement psychologique adapté ?
    Il est conseillé de se rapprocher des professionnels locaux ou des centres médicaux spécialisés pour identifier le dispositif le mieux adapté à sa situation.

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