Alors que le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026 promet une nouvelle réorganisation financière du système de santé, la mesure phare suscite tensions et débats : le doublement des franchises médicales. Cette décision gouvernementale, portée par le cabinet Lecornu II, modifie profondément les modalités de remboursement de nombreux soins, impliquant un reste à charge accru pour une large part de la population. Après avoir longtemps joué un rôle de régulation des dépenses de santé, la franchise médicale va désormais s’appliquer à un plus grand nombre d’actes et dispositifs, touchant notamment les soins dentaires et équipements médicaux tels que les lunettes ou les orthèses. Cette réforme s’inscrit dans une volonté affichée de responsabilisation des usagers et de préservation du système d’assurance maladie, mais les effets sur le budget des ménages restent à mesurer.
En pratique, le doublement de certaines participations forfaitaires se traduit par une augmentation du reste à charge pouvant aller jusqu’à 42 euros annuels par assuré en moyenne, soit une hausse mensuelle d’environ 3 euros par personne. Cette appareille une réelle évolution dans l’approche du financement des soins de santé, tout en entrant en résonance avec l’émergence d’outils digitaux comme Doctolib, mais aussi avec le rôle joué par les mutuelles – dont la Mutuelle Générale, Harmonie Mutuelle, MACIF, Malakoff Humanis, Crédit Mutuel, ou Groupama –, et les services complémentaires comme Santéclair ou MGEN. Cet article analyse en profondeur l’impact concret de cette mesure sur le quotidien sanitaire et économique des Français à travers plusieurs angles, illustrés d’exemples concrets et données actuelles.
Comprendre la franchise médicale et ses mécanismes au cœur du système de santé
La franchise médicale représente une participation financière directe de l’assuré sur certains actes médicaux et produits pharmaceutiques. Contrairement à une simple consultation ou hospitalisation, ce montant est automatiquement déduit du remboursement effectué par l’Assurance Maladie, se traduisant par un reste à charge supporté par le patient. Ce mécanisme existe pour modérer la consommation excessive de soins, mais aussi pour contenir la dépense publique dans le contexte d’un système de santé soumis à des contraintes budgétaires fortes.
Plus précisément, la franchise s’applique actuellement sur trois catégories principales :
- Les boîtes de médicaments vendues en pharmacie, avec une participation forfaitaire inférieure à un euro ;
- Les actes paramédicaux tels que les soins infirmiers, les séances de kinésithérapie ou d’orthophonie ;
- Les transports sanitaires, notamment les ambulances et véhicules sanitaires légers.
Ce sont ces franchises que le projet de loi propose de doubler, passant par exemple de 1 euro à 2 euros par boîte de médicaments et de 2 à 4 euros pour les actes médicaux. Plus que la simple hausse des montants, l’enjeu majeur réside dans l’extension de cette franchise à de nouvelles catégories, comme les dispositifs médicaux (lunettes, orthèses, pansements) et les soins dentaires, qui jusqu’à présent étaient exemptés. Cette évolution modifie ainsi les règles du jeu pour un nombre considérable d’assurés.
Cette démarche s’inscrit dans une logique de responsabilisation dite “partagée” entre les usagers et le système public. Toutefois, les défenseurs de cette réforme mettent en avant plusieurs objectifs :
- Limiter les abus et surconsommations en responsabilisant davantage les patients sur le coût réel des soins qu’ils consomment ;
- Préserver la viabilité financière du régime de santé face à un déficit chronique qui ne cesse de croître ;
- Maintenir la solidarité nationale en ciblant les dispositifs d’exonération pour les populations les plus vulnérables.
Dans la pratique, cela signifie que plus d’un quart de la population – les bénéficiaires de la complémentaire santé solidaire, les enfants, femmes enceintes ou invalides – demeurent exempts de ces charges supplémentaires, tandis que le reste des assurés pourra voir son budget santé amputé de plusieurs dizaines d’euros chaque année.
| Type de Franchise | Montant Avant 2026 (en €) | Montant Après Projet PLFSS 2026 (en €) | Catégories Concernées |
|---|---|---|---|
| Boîtes de médicaments | 1,00 | 2,00 | Médicaments remboursés en pharmacie |
| Actes médicaux | 2,00 | 4,00 | Séances kiné, infirmiers, orthophonistes |
| Transports sanitaires | Variable | Doublement attendu | Ambulances, VSL |
| Dispositifs médicaux (nouveau) | Exemption | Franchise étendue | Lunettes, orthèses, pansements, préservatifs |
| Soins dentaires (nouveau) | Exemption | Franchise étendue | Prothèses, soins courants |
Ce tableau donne un aperçu synthétique mais éclairant de la nouvelle configuration prévue, pour mieux saisir la portée financière concrète de ces franchises élargies.
Conséquences économiques directes : impact sur le budget des ménages français
En élevant le niveau des franchises médicales, cette réforme conduit directement à un accroissement du reste à charge pour une majorité de patients. L’estimation donnée par le gouvernement s’élève à 42 euros supplémentaires par an en moyenne pour chaque assuré, ce qui peut sembler modeste à première vue, mais qui, réparti sur plusieurs millions de foyers, représente une charge globale non négligeable.
Cette hausse du reste à charge impacte différentes catégories de la population ainsi :
- Les familles monoparentales et les ménages à revenus modestes, qui avancent des frais en soins souvent plus élevés proportionnellement à leurs ressources ;
- Les seniors, consommateurs fréquents de lunettes, de soins dentaires ou de dispositifs médicaux divers, qui verront leur facture augmenter ;
- Les patients atteints d’affections longues durées (ALD), notamment, qui perdront certaines exonérations sur les médicaments à faible service médical rendu, ce qui modifie substantiellement leur prise en charge habituelle.
Pour illustrer, prenons le cas d’Isabelle, 67 ans, qui porte des lunettes spécifiques et suit des séances de kiné régulières pour un problème articulaire. Avant ces changements, sa franchise annuelle était limitée, mais avec la réforme étendant les franchises aux lunettes et doublant le montant, elle devra anticiper une charge supérieure de plusieurs dizaines d’euros. Ce surplus peut contraindre les assurés à adapter leurs dépenses de santé, voire différer certains soins, ce qui pose question sur l’avenir de l’équité dans l’accès aux soins.
| Profil d’Assuré | Franchise Annuelle Avant 2026 (en €) | Franchise Annuelle Après 2026 (en €) | Impact Mensuel Moyen (en €) |
|---|---|---|---|
| Famille avec enfants | 80 | 115 | 3 |
| Senior utilisateur régulier de soins | 100 | 142 | 3,5 |
| Patient ALD (hors exemptions) | 70 | 110 | 3,3 |
À ces augmentations s’ajoute l’interaction avec les mutuelles comme la Mutuelle Générale, Harmonie Mutuelle, ou encore Malakoff Humanis. Ces organismes adaptent aujourd’hui leurs offres pour compenser partiellement ces nouvelles franchises. Toutefois, le surcoût des cotisations peut lui-même devenir un frein. Certaines mutuelles, soutenues par des réseaux comme Santéclair, développent des services d’accompagnement personnalisé et proposent des forfaits plus complets, mais à un tarif qui tend à augmenter corollairement.
L’impact de cette réforme sur les dépenses personnelles oblige également à un plus grand recours aux comparateurs et plateformes digitales telles que Doctolib pour optimiser la gestion des rendez-vous médicaux et réduire les coûts liés aux soins inutiles ou redondants.
Extension aux dispositifs médicaux et aux soins dentaires : une évolution majeure du reste à charge
Le projet de loi marque une rupture en étendant les franchises aux dispositifs médicaux, jusque-là protégés. Cette catégorie regroupe un ensemble large souvent essentiel au quotidien, dont les lunettes constituent un pilier central. Ce changement introduit un coût supplémentaire systématique dans la prise en charge, ce qui pourrait modifier les comportements d’achat et les délais de renouvellement des équipements de vision.
Concernant les soins dentaires, la nouveauté réside dans l’application d’une franchise sur les actes jusqu’ici exclus, comme les prothèses ou certains soins conservateurs. Cette décision est lourde de sens car la santé bucco-dentaire est une priorité publique reconnue, en particulier pour les plus jeunes et les seniors, qui ont des besoins réguliers et parfois coûteux.
Voici les dispositifs médicaux concernés :
- Lunettes et lentilles de correction
- Orthèses podologiques
- Pansements et dispositifs de soin
- Matériel médical à usage domestique
- Préservatifs et autres dispositifs de prévention
Cette imposition de franchises sur des équipements indispensables soulève des interrogations sur le risque d’abandon de certains soins ou d’achats différés pour raisons budgétaires. Par ailleurs, le rapport entre franchises et remboursement complémentaire par les mutuelles devient crucial pour garantir l’accès aux soins sans déséquilibre financier.
En réponse, des acteurs comme MACIF, Crédit Mutuel, Groupama ou encore la MGEN intensifient leurs efforts pour proposer des solutions de couverture adaptées. L’objectif est également d’intégrer des services digitaux innovants, notamment via Santéclair, pour mieux gérer les parcours de soins et les devis.
| Catégorie | Franchise Avant 2026 | Franchise Après 2026 | Effet attendu |
|---|---|---|---|
| Lunettes | Exempté | Franchise appliquée | Coût direct au patient, risque d’allongement renouvellement |
| Soins dentaires | Exempté | Franchise appliquée | Augmentation des dépenses pour soins courants et prothèses |
| Orthèses et pansements | Exempté | Franchise appliquée | Nouvelle charge sur soins quotidiens et préventifs |
Mesures complémentaires : révision des prises en charge et économies ciblées
Outre les franchises, le PLFSS 2026 prévoit des mesures visant à recentrer les dépenses de l’Assurance Maladie vers les soins les plus efficients, à hauteur d’environ 300 millions d’euros d’économies attendues. Parmi celles-ci, plusieurs ajustements concernent les modalités de prise en charge des cures thermales, des médicaments à faible service médical rendu (SMR), et les affections de longue durée (ALD).
Le recul sur les cures thermales, qui bénéficiaient traditionnellement d’une prise en charge élevée, représente un tournant significatif. À titre d’exemple, certains patients habitués aux effets thérapeutiques de ces cures pourraient désormais voir leur remboursement diminué, ce qui pourrait limiter ce type de traitement même s’il reste prescrit et conseillé par les professionnels de santé.
Concernant les médicaments à faible SMR, la suppression des exonérations pour les ALD constitue également un point majeur. Beaucoup de patients considérés comme fragiles verront leur reste à charge augmenter, ce qui peut influer sur leur observance thérapeutique et sur l’évolution de leur état de santé. Voici quelques-unes des mesures clés :
- Réduction du taux de prise en charge pour certains médicaments à faible SMR
- Diminution du remboursement des cures thermales
- Maintien des exonérations pour populations fragiles (enfants, femmes enceintes, bénéficiaires d’aide sociale)
Cette politique d’économies, quoique cohérente avec un équilibre budgétaire nécessaire, interroge sur les conséquences à moyen terme pour la santé publique. L’adaptation devra être surveillée de près.
Rôle et adaptation des mutuelles et services de santé dans le contexte de nouveaux restes à charge
Avec la hausse des franchises médicales et l’extension de leur champ d’application, les mutuelles jouent un rôle central pour amortir l’impact financier auprès des assurés. Les organismes comme Mutuelle Générale, Harmonie Mutuelle, MACIF, Malakoff Humanis, Crédit Mutuel, et Groupama revoient en profondeur leurs offres.
Ces mutuelles renforcent notamment :
- La couverture des franchises nouvelles ou doublées, par des garanties spécifiques ;
- Les prestations sur les soins dentaires et l’optique, domaines affectés par la réforme ;
- Le développement de services numériques, intégrant des outils comme Doctolib ou des plateformes d’accompagnement santé soutenues par Santéclair pour mieux orienter les assurés vers les soins optimaux et réduire les coûts inutiles.
Par exemple, les formules personnalisées proposées par la MGEN, déjà très active dans le secteur public, intègrent désormais des compensations plus adaptées aux nouvelles franchises, tout en offrant des conseils préventifs pour limiter la consommation excessive.
Ces stratégies sont déterminantes pour limiter les ruptures dans les parcours de soins, notamment chez les populations plus vulnérables qui ne bénéficient pas d’exonérations, renforçant ainsi l’importance d’une mutuelle adaptée aux évolutions législatives.
| Mutuelle | Adaptations Clés | Services Numériques Intégrés | Focus |
|---|---|---|---|
| Mutuelle Générale | Renforcement remboursements optique et dentaire | Accès Prioritaire à Doctolib | Assurances personnalisées pour les familles |
| Harmonie Mutuelle | Extension garanties franchises doublées | Plateforme Santéclair pour accompagnement | Accompagnement senior et ALD |
| MACIF | Offres spécifiques pour dispositifs médicaux | Services de prévention digitaux | Couverture renforcée soin à domicile |
| MGEN | Tarifs modulés pour personnels enseignants et santé | Accompagnement santé et prévention via app | Public fonctionnaire et familles |
Il est clair que l’avenir du financement santé en France repose sur cette articulation entre l’Assurance Maladie et les complémentaires, qui doivent coexister pour garantir à la fois la solidarité sociale et la maîtrise des dépenses.
Réactions et perspectives face à la hausse des franchises médicales : débat et enjeux sociétaux
L’annonce du doublement des franchises médicales a provoqué une onde de choc politique et sociale. Les syndicats de professionnels de santé, les associations de patients, ainsi que plusieurs élus, dénoncent un risque accru d’inégalités dans l’accès aux soins, pointant que cette mesure affecte disproportionnellement les classes moyennes et les plus précaires.
Plusieurs arguments reviennent fréquemment dans le débat :
- Le risque que l’augmentation du reste à charge conduise des patients à retarder des soins essentiels, aggravant ainsi leur état de santé carcéral ;
- La crainte d’une fracture sanitaire grandissante malgré les efforts de l’État pour maintenir des exonérations ciblées ;
- Les questions sur l’efficacité réelle des franchises comme outil d’économie à long terme, l’impact à éviter étant celui d’une dépense accrue en urgence par des patients non traités spontanément.
Du côté gouvernemental, la réponse insiste sur un équilibre délicat, visant à encourager une consommation responsable tout en protégeant les publics vulnérables. Dans cette optique, le recours renforcé aux mutuelles complémentaires et aux outils numériques comme Doctolib, Santéclair, joue un rôle de levier essentiel.
Pour illustrer les tensions, prenons l’exemple de la région Auvergne-Rhône-Alpes, où une pétition signée par plusieurs milliers de citoyens réclame un moratoire ou un réexamen de la mesure, dénonçant la précarisation induite. Les plateformes comme Doctolib rapportent d’ailleurs une augmentation de la demande de consultations dédiées à la gestion budgétaire des soins, signe d’un besoin croissant d’accompagnement.
La suite des débats parlementaires en 2025 déterminera si ces contestations influenceront un amendement ou une adaptation du PLFSS. Quoi qu’il en soit, la situation souligne l’importance cruciale du dialogue entre patients, professionnels de santé, mutuelles et pouvoirs publics pour préserver le modèle social français.
Questions fréquentes sur l’extension et l’impact des franchises médicales en France
- Qu’est-ce qu’une franchise médicale ?
Une franchise médicale est une somme déduite des remboursements de l’Assurance Maladie sur certains soins, médicaments et actes, constituant un reste à charge pour le patient. - Qui est exempté des franchises médicales ?
Plus de 18 millions d’assurés, dont les bénéficiaires de la complémentaire santé solidaire, les enfants jusqu’à 18 ans, les femmes enceintes, les invalides de guerre, sont exonérés. - Quels sont les principaux changements prévus pour 2026 ?
Le doublement des franchises sur médicaments, actes médicaux et transports, ainsi que leur extension aux dispositifs médicaux et aux soins dentaires. - Comment les mutuelles s’adaptent-elles ?
Les mutuelles révisent leurs garanties pour compenser les nouvelles franchises, proposent des offres sur mesure et développent des services numériques pour aider à la gestion des soins. - Quelles conséquences pour les patients fragiles ?
Les patients les plus vulnérables restent protégés grâce aux exonérations, mais certains ajustements, notamment sur les médicaments à faible SMR, peuvent les affecter.
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