Alors que les sinistres en assurance automobile et habitation sont habituellement signalés sans équivoque, une nouvelle enquête met en lumière une tendance croissante : près de 30 % des assurés en France choisissent aujourd’hui de ne pas déclarer certains dommages. Ce comportement, principalement motivé par la crainte d’une augmentation des primes d’assurance, traduit une défiance exacerbée dans un contexte marqué par l’inflation et la complexité des démarches administratives. Les conséquences de ce silence sont loin d’être anodines, tant pour les particuliers que pour l’équilibre mutualiste des compagnies d’assurance telles que la MAIF, la MACIF, ou encore Groupama. Cette étude, menée en mars 2025 par Poll&Roll pour le néo-assureur Leocare, révèle également des disparités selon la nature des sinistres et les secteurs assurantiels concernés, ainsi que les répercussions sur le long terme que ce choix économiquement calculé peut entraîner.
La peur de la majoration des primes : moteur principal de la non-déclaration des sinistres auto et habitation
Le phénomène de non-déclaration d’un sinistre à son assureur est en grande partie lié à l’appréhension par les assurés d’une possible augmentation de leurs cotisations. Malgré un système de mutualisation visant à répartir les risques, 30 % des Français ont déjà choisi de ne pas signaler un dommage pour éviter que leur prime ne grimpe, selon l’étude récente menée par Poll&Roll pour Leocare. Parmi eux, 10 % auraient pris cette décision à plusieurs reprises, témoignant d’une tendance durable chez certains.
Ce comportement concerne majoritairement les sinistres dits « mineurs ». En assurance automobile, par exemple :
- 59 % des conducteurs avouent ne pas déclarer un accrochage contre un trottoir, qu’ils jugent peu coûteux ou négligeable.
- 55 % omettent de signaler des actes de vandalisme légers, tels qu’une antenne pliée ou un enjoliveur arraché.
- 53 % ne déclarent pas un dommage sur un rétroviseur.
- 46 % passent sous silence un impact de gravillon sur le pare-brise.
Du côté de l’habitation, ce sont principalement des sinistres comme une infiltration d’eau (49 %) ou une panne d’électroménager (58 %) qui restent volontairement inaperçus. Les assurés préfèrent alors souvent assumer les coûts eux-mêmes pour éviter une hausse susceptible de fragiliser leur budget, notamment dans un contexte économique où les primes d’assurance ne cessent d’augmenter.
Type de sinistre | Pourcentage d’assurés ne déclarant pas | Commentaire |
---|---|---|
Accrochage contre un trottoir (auto) | 59 % | Souvent considéré comme mineur |
Acte de vandalisme léger (auto) | 55 % | Exemple : antenne pliée, enjoliveur arraché |
Dommage sur rétroviseur (auto) | 53 % | Facile à réparer sans assurance |
Impact de gravillon (pare-brise auto) | 46 % | Réparations jugées onéreuses |
Infiltration d’eau (habitation) | 49 % | Peu signalée, probabilité de dégradation accrue |
Panne d’électroménager (habitation) | 58 % | Souvent pris en charge sans déclaration |
Ce panorama illustre un arbitrage délicat où les assurés cherchent à concilier la gestion des risques avec la maîtrise de leurs dépenses d’assurance, une problématique partagée par des grands acteurs comme la MAIF, AXA, Allianz ou encore MMA.

Les freins administratifs et psychologiques à la déclaration de sinistre
Au-delà de la crainte financière, d’autres obstacles entravent la déclaration des sinistres au sein du secteur auto et habitation. Une part importante des assurés est dissuadée par la lourdeur des démarches et le temps que ces procédures exigent.
D’après l’étude, 65 % des personnes interrogées déclarent que les formalités administratives trop complexes sont un frein majeur. En parallèle, la lenteur des délais de traitement dissuade 50 % des sondés de signaler un dommage. Cette situation est particulièrement handicapante dans un contexte où les compagnies d’assurance telles que la Matmut, la GMF ou Generali cherchent à améliorer l’expérience client en simplifiant ces démarches via le digital.
Les raisons psychologiques jouent également un rôle non négligeable. Lorsqu’un sinistre est perçu comme mineur, il est facile d’en évaluer la portée comme étant « gérable seul », sans passer par l’intermédiaire de l’assureur. Cette sous-estimation des risques est renforcée par les exemples fréquents de démarches fastidieuses, ainsi que par une communication parfois mal comprise entre les compagnies et leurs clients.
À cela s’ajoutent des préoccupations éthiques : la frontière entre non-déclaration par choix économique et fraude est fine. Pourtant, 89 % des assurés affirment ne jamais avoir tenté de tromper leur assurance. Cette distinction est importante pour des acteurs comme Aviva ou Groupama qui militent pour la transparence et la confiance dans la relation entre assureur et assuré.
Freins à la déclaration | Pourcentage |
---|---|
Crainte d’une majoration de la prime | 66 % |
Démarches administratives jugées trop lourdes | 65 % |
Délais de traitement trop longs | 50 % |
Volonté de gérer soi-même les petits sinistres | Approx. 40 % (estimation contextuelle) |
Face à ces obstacles, plusieurs compagnies d’assurance, comme la MAIF ou la MACIF, développent des supports numériques destinés à simplifier la déclaration, à accélérer les délais de remboursement, et à fournir des conseils personnalisés afin d’éclairer les assurés sur les conséquences de leur choix.
Conséquences financières et juridiques de la non-déclaration des sinistres
Ne pas déclarer un sinistre à son assurance peut paraître intéressant à court terme, notamment pour éviter une augmentation immédiate de la prime. Cependant, cette stratégie peut se retourner contre l’assuré de manière imprévisible. Christophe Dandois, cofondateur de Leocare, le rappelle : « Ne pas déclarer, c’est un calcul à court terme qui pénalise autant l’individu que le modèle mutualiste des assurances en France. »
Les risques sont multiples. Tout d’abord, un sinistre non déclaré peut évoluer en un problème plus grave, surtout en habitation où une infiltration d’eau non traitée peut entraîner la détérioration structurelle du logement. Ce type de dégradation engendre alors des coûts bien supérieurs aux petits montants initiaux évités.
De plus, en cas de contrôle ou d’expertise ultérieure, la découverte d’un sinistre passé non déclaré peut entraîner :
- La résiliation du contrat d’assurance par l’assureur.
- Des poursuites judiciaires pour dissimulation d’information.
- L’inscription au fichier national des fraudeurs, limitant l’accès futur à toute forme d’assurance.
Cette réglementation stricte est appliquée par l’ensemble des acteurs majeurs de l’assurance, dont Allianz, MMA et Generali, qui considèrent la transparence comme fondement indispensable du contrat. Une omission volontaire liée à un sinistre peut ainsi avoir un impact durable sur la capacité de l’assuré à se réassurer dans un marché de plus en plus compétitif.
Enfin, la non-déclaration nuit à la solidarité collective, pilier du système mutualiste français, car elle fausse l’équilibre actuariel et pousse les compagnies à répercuter ces risques par des hausses généralisées des primes.
Solutions proposées par les assureurs pour lutter contre la non-déclaration
Face à cette problématique grandissante, les compagnies d’assurance espèrent inverser cette tendance par plusieurs leviers. La simplification des démarches via des portails en ligne ou des applications mobiles est l’un des axes majeurs. Par exemple, la GMF et la Matmut proposent désormais des outils capables d’enregistrer rapidement un sinistre, de fournir un suivi en temps réel et de conseiller sur la pertinence de la déclaration.
Par ailleurs, des offres innovantes apparaissent, incluant des franchises adaptées et des garanties spécifiques pour limiter les hausses de prime après un petit sinistre. Cette politique peut encourager les assurés, notamment ceux de Groupama ou d’AXA, à déclarer leur sinistre sans craindre un impact financier démesuré.
- Développement des systèmes de déclaration numérique simple et rapide.
- Offres avec franchises modulables pour éviter la hausse immédiate de la prime.
- Communication renforcée pour informer les assurés sur les risques et bénéfices liés à la déclaration.
- Accompagnement personnalisé pour aider à évaluer l’opportunité de déclarer un sinistre.
- Promotion de la transparence et du dialogue entre assureurs et assurés.
Ces initiatives, couplées à une sensibilisation accrue, pourraient réduire significativement les risques liés à la non-déclaration, bénéfique tant pour les assurés que pour les assureurs, préservant ainsi un équilibre durable dans le secteur.
Comment bien gérer ses déclarations de sinistre pour éviter les soucis
Pour les assurés, il est essentiel de se doter d’une stratégie claire et informée afin d’éviter des erreurs qui pourraient compromettre leur couverture d’assurance. Voici quelques conseils essentiels :
- Comparer régulièrement ses assurances : S’appuyer sur des comparateurs pour identifier les meilleures offres et éviter de payer trop cher auprès de compagnies comme la MAIF, MMA ou Aviva.
- Bien comprendre ses garanties : Lire attentivement les conditions de son contrat d’assurance auto et habitation pour savoir ce qui est couvert et dans quelle mesure.
- Déclarer rapidement tout sinistre : Attendre ou dissimuler un dommage peut aggraver les conséquences. Il est toujours préférable d’informer son assureur dans les délais impartis.
- Utiliser les outils digitaux mis à disposition : Profiter des applications mobiles ou des espaces clients en ligne pour faciliter la déclaration et suivre son dossier en temps réel.
- Consulter un expert ou un conseiller en cas de doute pour évaluer l’opportunité de la déclaration, notamment si le sinistre semble limité mais pourrait évoluer.
Actions à privilégier | Avantages pour l’assuré | Impact sur la relation avec l’assurance |
---|---|---|
Déclaration rapide du sinistre | Réduction des risques de complications | Renforce la confiance mutuelle |
Utilisation d’outils digitaux | Gain de temps et suivi simplifié | Amélioration de la transparence |
Comparaison des devis | Optimisation des coûts | Meilleure adéquation des garanties |
Consultation d’experts | Décision éclairée | Prévention des fraudes ou erreurs |
En prenant ces mesures, les assurés peuvent protéger efficacement leurs droits tout en limitant le risque d’augmentation injustifiée de leur prime. La prudence dans la gestion des sinistres est un atout indispensable pour bénéficier pleinement des services des grandes compagnies telles que Allianz, AXA ou Groupama.
Questions fréquentes sur la non-déclaration des sinistres d’assurance
- Q : Quels sont les risques encourus en cas de non-déclaration d’un sinistre ?
R : Vous risquez la résiliation de votre contrat, des poursuites judiciaires et votre inscription au fichier des fraudeurs, ce qui complique l’accès à une nouvelle assurance. - Q : Puis-je déclarer un sinistre plusieurs mois après l’incident ?
R : Les délais légaux pour déclarer un sinistre sont généralement courts, souvent de 5 jours pour l’assurance auto. Passé ce délai, la prise en charge peut être refusée. - Q : La déclaration d’un sinistre entraîne-t-elle systématiquement une hausse de la prime ?
R : Pas nécessairement. Certaines assurances proposent des formules avec franchises ou protections contre la hausse de la prime, mais cela dépend des contrats et des compagnies. - Q : Comment savoir si je dois déclarer un petit sinistre ?
R : Il est conseillé de déclarer tout dommage, même mineur, pour éviter une aggravation ultérieure. Consulter un conseiller peut vous aider à prendre la bonne décision. - Q : Quels assureurs français encouragent la transparence dans la déclaration des sinistres ?
R : Des compagnies comme MAIF, MACIF, Matmut, GMF, Groupama, Allianz, AXA, MMA, Generali et Aviva mettent en place des outils et des politiques pour favoriser une déclaration transparente et simplifiée.