La taxation de l’assurance-vie par le nouvel impôt sur la fortune improductive (IFI) adopté en 2025 soulève un tollé parmi les acteurs du secteur de l’assurance en France. Ce pivot fiscal, élargissant l’ancienne assiette de l’impôt sur la fortune immobilière, menace désormais des milliards d’euros d’encours en fonds euros, pourtant garants de la stabilité économique. Les principaux assureurs, dont Axa, Generali, CNP Assurances ou Allianz France, s’opposent fermement à cette réforme, dénonçant un non-sens économique majeur. Cette controverse met en lumière un enjeu crucial pour l’épargne populaire, qui pourrait voir son soutien à l’économie productive fragilisé par cette mesure redéfinie.
Comment l’impôt sur la fortune improductive redéfinit la fiscalité de l’assurance-vie
Depuis 2018, l’impôt sur la fortune immobilière (IFI) était cantonné aux seuls biens immobiliers. Pourtant, en 2025, les députés ont adopté une réforme transformatrice : l’impôt sur la fortune improductive (IFI nouvelle version) agrandit considérablement son périmètre. Désormais, il intègre non seulement les biens immobiliers, mais aussi une palette d’actifs considérés « improductifs » tels que les voitures de collection, œuvres d’art, lingots d’or, cryptomonnaies et, aussi, les fonds en euros des contrats d’assurance-vie. Cette dernière inclusion fait débat.
Le principal défi réside dans la qualification de ces fonds en euros comme partie d’une « fortune improductive ». En réalité, ces capitaux sont massivement investis (à près de 80%) en obligations d’entreprises et obligations souveraines françaises. Cela signifie que l’assurance-vie ne se limite pas à un simple placement sûr, mais joue un rôle de soutien direct au financement des entreprises tricolores et à la stabilité des marchés publics. Cette réalité contredit l’étiquette d’“improductif” apposée dans le cadre de ce nouvel impôt.
Cette taxation inédite sur une épargne abondante, estimée à près de 2084 milliards d’euros d’encours, impacte directement les grandes compagnies d’assurance telles que Swiss Life, La Banque Postale Assurances, Groupama ou encore MAIF, auxquelles les clients confient leur épargne. Le gouvernement prévoit un taux unique au lieu d’un barème progressif, fixé à 1 % avec un seuil d’entrée à 1,3 million d’euros nets. Cette puissance fiscale changera radicalement la dynamique de l’épargne longue portée par ces contrats.
| Actifs concernés par l’IFI nouveau | Exemples concrets | Impact fiscal |
|---|---|---|
| Biens immobiliers | Résidences secondaires, immeubles locatifs | Maintien de la taxation existante |
| Objets de valeur | Voitures de collection, yachts, œuvres d’art | Nouvelle inclusion à la base taxable |
| Placements financiers | Fonds euros assurance-vie, cryptomonnaies, liquidités | Intégration controversée à l’impôt au taux unique |
- Les fonds euros garantissent le capital.
- Ils financent 80% d’obligations d’entreprises et d’état.
- 63% des encours totaux en assurance-vie en juin 2025 investis en titres d’entreprises.
- L’impact financier sur la collecte d’épargne longue est majeur.
Les assureurs français dénoncent un non-sens économique et social majeur
La réforme fiscale, en intégrant les fonds euros dans la base de l’impôt sur la fortune improductive, déclenche une levée de boucliers de la part des assureurs historiques et grands groupes du secteur. Notamment, des figures telles que Paul Esmein, directeur général de France Assureurs, et Gérard Bekerman, président de l’Afer, rappellent que cette mesure est une « imposture intellectuelle et économique ».
Les assureurs démontrent que la sous-jacence logique de cet impôt est biaisée : présumer que la fortune « improductive » est inutile ou nuisible est une erreur fondamentale. En réalité, ce sont les fonds euros, dotés d’une capacité d’investissement en obligations d’entreprises et en actions, qui jouent un rôle stabilisateur dans l’économie française. Ils assurent le financement de l’État, soutiennent durablement le tissu économique et protègent les épargnants en garantissant leur capital face aux aléas financiers.
Les groupes d’assurance comme Crédit Agricole Assurances, BNP Paribas Cardif ou Generali soulignent ainsi que la taxation envisagée risquerait de freiner cette épargne populaire, qui bénéficie jusqu’à aujourd’hui d’un cadre fiscal favorable. Ces acteurs estiment que le coût économique et social d’une telle mesure serait élevé, car elle menace la résilience financière des ménages et la capacité à financer les entreprises françaises, déjà mises à rude épreuve sur les marchés internationaux.
- Rejet de la qualification “improductive” des fonds euros.
- Rôle essentiel dans le soutien à l’économie productive.
- Effet potentiel de ralentissement de l’épargne longue.
- Pression supplémentaire sur la volonté d’investissement des ménages.

La réaction des épargnants et les enjeux du financement économique
Cette nouvelle assiette fiscale crée un climat d’incertitude auprès des épargnants, surtout ceux disposant de contrats d’assurance-vie avec des encours importants. L’association Afer, qui regroupe environ 755 000 adhérents, illustre bien cette inquiétude par la voix de son président Gérard Bekerman qui voit dans la mesure un frein à la stabilité financière personnelle et collective.
Au-delà de la simple réaction émotionnelle, les enjeux sont économiques. Pour les épargnants, l’assurance-vie est traditionnellement un moyen sûr de placer leur capital tout en contribuant indirectement au financement de l’économie réelle. La perspective d’une taxation supplémentaire de 1 % sur ces fonds pourrait modifier les comportements, poussant certains vers des placements plus risqués ou moins transparents fiscalement.
En parallèle, cette réforme remet en cause une politique d’incitation à l’épargne longue initiée par l’État et suivie par des compagnies comme La Banque Postale Assurances ou Groupama, qui ont historiquement structuré leur offre pour garantir à la fois la sécurité et la performance dans le temps.
- Crainte de diminution des rendements nets pour les détenteurs de contrats.
- Possible désengagement sur fonds euros en faveur d’instruments plus risqués.
- Risques pour la stabilité financière à moyen terme des épargnants.
- Réduction potentielle du financement des entreprises via l’épargne assurantielle.
Comparaison des stratégies d’assureurs majeurs face à la réforme fiscale
Face à cette taxation nouvelle, chaque acteur de l’assurance-vie adapte sa stratégie pour protéger ses clients et son modèle économique. Axa, Swiss Life, et Generali mettent en avant leur engagement pour un dialogue constructif avec les autorités afin d’atténuer les impacts négatifs du dispositif.
Par ailleurs, des compagnies comme MAIF ou Crédit Agricole Assurances développent des produits d’assurance-vie diversifiés, intégrant un mix d’unités de compte et de fonds euros pour limiter la vulnérabilité fiscale tout en renforçant l’exposition à des actifs productifs. BNP Paribas Cardif privilégie également des solutions innovantes, expliquant à ses clients les implications de ces changements et les options disponibles.
| Assureur | Stratégie face à l’IFI improductif | Focus produit |
|---|---|---|
| Axa | Dialogue avec autorités, défense du cadre fiscal actuel | Priorisation fonds euros sécurisés |
| Swiss Life | Communication renforcée vers clients, adaptation produits | Mix fonds euros et unités de compte |
| Generali | Lobbying politique, plaidoyer pour maintien des avantages fiscaux | Développement de solutions éthiques et durables |
| MAIF | Élargissement de l’offre diversifiée | Produits multi-supports |
Perspectives à long terme : risques et alternatives face à la taxation de l’assurance-vie
Le nouvel impôt sur la fortune improductive met en lumière une profonde interrogation sur la manière de taxer équitablement la richesse tout en préservant les leviers de financement économique. Cette taxation soulève notamment la question du rôle des épargnes garantissant la stabilité financière dans une économie en mutation.
Les risques majeurs identifiés concernent :
- Une potentielle décollecte des fonds euros.
- Une désaffection des épargnants pour l’assurance-vie traditionnelle.
- Un impact négatif sur le financement des PME et des structures étatiques grâce aux titres obligataires.
- Un transfert vers des investissements moins transparents ou fiscalement avantageux, au détriment de la visibilité de l’épargne.
Pour contrer ces risques, plusieurs pistes émergent du dialogue entre acteurs :
- La mise en place d’exonérations spécifiques pour les investissements réellement productifs.
- La création de dispositifs fiscaux favorisant le maintien de l’épargne longue et la diversification des supports d’investissement.
- Le renforcement de la pédagogie financière auprès des épargnants pour clarifier l’objectif économique des fonds euros.
- Le développement d’offres couplées avec des fonds d’investissement socialement responsables (ISR) encouragés par ces compagnies, notamment CLN Assurances et BNP Paribas Cardif.
Ces alternatives pourraient ainsi préserver l’attractivité de l’assurance-vie tout en répondant aux exigences de redistribution fiscale.
Questions fréquentes des épargnants sur la taxation de l’assurance-vie
- Cette nouvelle taxation s’applique-t-elle à tous les contrats d’assurance-vie ?
Non, elle concerne essentiellement les fonds euros des contrats détenus par les épargnants dont le patrimoine net taxable dépasse 1,3 million d’euros. - Quels sont les effets attendus sur les rendements des fonds euros ?
Un prélèvement fiscal additionnel de 1 % peut réduire significativement le rendement net, impactant l’attractivité de ces placements sécurisés. - Pourquoi les assureurs considèrent-ils cette taxe comme un non-sens économique ?
Parce que les fonds euros financent l’économie productive via les obligations d’entreprises et publiques, ils sont donc loin d’être « improductifs ». - Quelles alternatives s’offrent aux épargnants pour limiter cette taxation ?
Investir dans des unités de compte, diversifier les supports et privilégier les placements ISR peuvent être des stratégies pour moduler l’exposition fiscale. - Comment les compagnies d’assurance répondent-elles à cette réforme ?
Elles adaptent leurs produits, engagent un dialogue politique et renforcent la communication envers leurs clients pour limiter l’impact.
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